Dépendance

J’aime essayer des nouvelles choses. Le crystal était nouveau pour moi, alors j’ai voulu tenter l’expérience. Peu à peu, je me suis posé des questions. Est-ce que j’en prends trop ? Quelle sera la prochaine étape ? Où cela va-t-il me mener ?Marc-André, 52 ans

Évaluer sa consommation

La consommation problématique de crystal meth ou de toute autre substance implique la présence de problèmes associés à la consommation. Par exemple, des difficultés interpersonnelles, des problèmes financiers ou judiciaires, etc. Si votre consommation vous a déjà préoccupé ou si quelqu’un de votre entourage s’est montré préoccupé en raison de votre consommation, cela pourrait indiquer que celle-ci est devenue problématique ou commence à échapper à votre contrôle. Consultez ce guide créé par CAMH pour les personnes consommatrices de drogues et leur famille.

Les troubles liés à l’utilisation d’une substance sont déterminés par un diagnostic fondé sur certains critères cliniques. Vous pouvez vous renseigner sur ces derniers au lien suivant.

La dépendance a habituellement une composante physique et psychologique. Une personne dépendante perd graduellement le contrôle de sa vie, alors que la consommation prend de plus en plus de place. Plusieurs consommateurs de crystal meth ont raconté qu’une seule dose avait été suffisante pour développer une forte accoutumance. 

Vous pourriez avoir des troubles liés à l’utilisation du crystal meth si l’un ou plusieurs des énoncés suivants s’appliquent à vous* :

 Vous consommez plus, ou plus longtemps, que ce que vous aviez envisagé. Vous voulez réduire ou arrêter votre consommation, mais vous n’y arrivez pas. Vous passez de plus en plus de temps à chercher du crystal, à le consommer ou à vous en remettre. Vous avez des envies impérieuses de consommer (craving). Vous consommation répétée conduit à l’incapacité de remplir des obligations majeures au travail, à l’école ou à la maison. Vous continuez de consommer malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de cette substance. Vous abandonnez vos activités sociales, professionnelles ou récréatives parce que le crystal prend plus d’importance. Vous poursuivez votre consommation dans des situations où cela peut être physiquement dangereux. Vous continuez de consommer même si vous constatez que la consommation aggrave vos problèmes et nuit à votre santé. Vous avez besoin d’augmenter la dose pour avoir le même effet (tolérance). Le crystal meth est pris dans le but de soulager ou d’éviter les symptômes de sevrage.

* Adapté de :  Association américaine de psychiatrie, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5)

Un test pour évaluer votre consommation est mis en ligne par l’organisme Drogue, aide et références avec le Test rapide de CAGE en quatre questions.

Vous pouvez également auto-évaluer votre consommation de drogues grâce à ToxQuébec qui propose à cette page les 3 Quizz suivants :

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En racontant leurs expériences, plusieurs consommateurs ou ex-consommateurs de crystal meth ont identifié des comportements ou situations comme étant des indicateurs d’une consommation devenue problématique. Le site himynameistina.com (en anglais) dresse une liste de ces « drapeaux rouges » qui pourraient vous amener à vous questionner sur votre propre consommation.

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Contrôler sa consommation

Au début, je fumais le crystal meth. Mais tranquillement, je me suis mis à rechercher un effet toujours de plus en plus intense. C’est alors qu’un gars me l’a injecté dans un sauna. La puissance était si grande que je suis resté accroché et à partir de ce moment, le contrôle était devenu très difficile.Stéphane, 49 ans

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Considérez contrôler ou réduire sa consommation de crystal meth peut représenter un défi en soi. Rappelez-vous que vous n’êtes pas seul. Plusieurs ressources d’information et de soutien sont disponibles. Il est fort probable que vous traversiez différentes étapes qui peuvent s’avérer parfois difficiles. Chaque étape est différente et comprend des défis mais également des gains ou gratifications.

Pour commencer, il pourrait être bénéfique de trouver une personne ressource comme un proche, un psychologue, un travailleur social, un sexologue ou un intervenant pour vos aider dans votre cheminement et ainsi comprendre les raisons sous-jacentes à votre consommation.

Il peut être utile de noter dans un carnet à chaque fois que vous prenez de la meth, la quantité et le lieu utilisé. Ainsi, vous pourrez vous rendre compte de l’évolution de votre consommation. Tracez ces étapes sur un calendrier ou un agenda, de façon à pouvoir constater vos progrès et prévoir ce qui s’en vient. 

Si vous souhaitez commencer par faire des efforts seul, vous pouvez consulter l’article Comment surmonter sa dépendance à la meth, projet d’écriture collaboratif qui apporte de nombreuses astuces pour vous aider dans votre cheminement. N’oubliez pas de vous aider du travail de David Stuart dans vos efforts!

L’organisme Aids Committee of Toronto (ACT) a produit un guide à l’intention des hommes gais et bisexuels qui désirent réduire ou cesser leur consommation de crystal meth. Ce document est disponible seulement en anglais.

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Plan d’action pour arrêter

Les quelques personnes qui sont vraiment proches de moi me soutiennent et m’aiment comme je suis. Leur confiance m’aide à m’accepter moi-même et, au final, à moins consommer.Louis, 45 ans

Ressources à votre disposition

Dévoilement à un ami, un proche, un membre de votre famille

Briser l’isolement est l’une des premières étapes à considérer. Afin d’augmenter vos chances de vaincre votre dépendance, il serait utile de trouver une ou des personnes proches qui pourraient vous soutenir dans votre démarche. Bien que le dévoilement puisse vous faire peur, notamment en raison de jugements ou discrimination possibles en provenance de votre entourage, rappelez-vous que les gens proches de vous, ceux que vous côtoyez régulièrement ou vos collègues de travail, s’en doutent peut-être. En effet, votre vie secrète qui débute le vendredi et se termine le dimanche soir, les différentes stratégies pour cacher votre consommation, l’air physiquement fatigué en semaine, l’agressivité ou l’état dépressif que vous pouvez laisser paraître ou encore l’absentéisme autravail (les lundis), inquiètent vos proches.

Il est préférable de choisir quelques personnes parmi celles-ci et les inclure dans votre plan d’action. Elles seront rassurées de constater que vous vous prenez en main et que vous faites des actions concrètes, par exemple assister à des meetings ou aller en thérapie. Elles seront des personnes importantes dans votre réussite.

Choisissez une personne proche de vous avec qui vous vous sentez en confiance. Cette personne pourra être présente aux moments où vous êtes le plus vulnérable, le jour de la paye, les vendredi soirs, les samedis soirs, etc. Planifiez des activités avec cette personne pour ces jours ou moments plus critiques. Demandez-lui si vous pouvez l’appeler lorsque l’envie de consommer vous prend. Parlez-lui aussi des options de thérapies qui sont disponibles pour vous.

Il existe des services offerts aux proches qui souhaitent apporter leur soutien. La page Aide aux proches donne quelques ressources.

Dévoilement à l’employeur

Il pourrait être utile de dévoiler à votre employeur (s’il y a lieu) le fait que vous êtes dans une démarche pour vaincre une dépendance à une drogue, surtout si vous prévoyez aller séjourner dans une  maison de thérapie pour quelques temps. Votre employeur a peut-être remarqué votre taux d’absentéisme, une baisse dans votre performance, vos comportements ou humeurs changeants si vous travaillez avec une clientèle difficile, etc. Il serait peut-être préférable d’agir de façon proactive et de dévoiler vos intentions. Cependant, comme la consommation est parfois mal comprise et que certains préjugés persistent, il est important de bien évaluer les pour et les contre avant d’entreprendre cette démarche.

Un congé de maladie de 15 semaines peut être soutenu par l’assurance-emploi, ce qui vous donnerait le temps d’aller en maison de thérapie fermée. Pour ce faire, il sera nécessaire de consulter un médecin pour le billet d’arrêt de travail. Consultez également votre couverture d’assurance collective au travail si vous en possédez une. Il existe peut-être également un programme d’aide aux employés dont vous pourriez aussi bénéficier pour une thérapie en cure fermée. Finalement, si vous faites partie d’un ordre professionnel, vérifiez si vous avez accès à un programme d’aide aux professionnels.

Trouvez un professionnel de la santé

Dans un premier temps, vous pouvez joindre l’organisme REZO qui répondra à vos questionnements et pourra vous guider dans la démarche que vous aurez choisi. Un de ses partenaires, le site MonBuzz, offre des services d’intervention brefs en ligne, pour vous orienter vers des ressources adéquates.

Par la suite, un professionnel de la santé pourra évaluer votre condition physique et psychologique et ainsi vous aider dans votre démarche. Il pourra également vous faire un dépistage complet des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et vous traiter au besoin. Parlez à votre professionnel de la santé de votre consommation et de vos actions, et ce de façon honnête, afin d’atteindre vos objectifs en ce qui a trait à la diminution ou à l’arrêt de votre consommation.

Si vous désirez parler à un(e) intervenant(e) de la Clinique médicale du Quartier latin de votre consommation ou d’autres sphères de votre vie sur lesquelles le crystal meth a des répercussions, composez le 514-285-5500 ou prenez directement rendez-vous en ligne

Réduisez votre accès à l’argent

Demandez à un proche de garder votre carte bancaire et de s’occuper de vos paiements temporairement. Vous pouvez aussi demander à votre institution financière d’instaurer des restrictions dans votre compte bancaire. Par exemple, vous pouvez demander qu’un retrait maximum de 40$ au guichet automatique par jour vous soit autorisé. Cela pourrait vous empêcher de vous procurer du crystal si l’envie vous prenait. Vous pouvez également demander à votre institution financière de ne pas vous proposer de carte de crédit ou autres options de crédit. Ces mesures peuvent être prises de façon temporaire, le temps pour vous de réapprendre à vivre sans le crystal.

Occupez-vous !

Occupez vos fins de semaine ou les moments où vous consommiez. Débutez une nouvelle activité. Faites du sport. Remettez-vous en forme! Pourquoi ne pas tenter de rencontrer de nouvelles personnes (qui ne consomment pas) avec qui partager ces activités ?

Identifiez les pièges ou les dangers de rechuter

Évitez les endroits où vous consommiez comme les saunas, bars, clubs ou afterhours. Ne restez pas en contact avec les personnes qui consommaient avec vous (s’ils consomment toujours) ou les vendeurs de drogues. Soyez vigilant dans vos rencontres ou sur le chat. Évitez de rencontrer des gars qui veulent avoir du sexe en consommant (party and play ou PNP). Votre appartement est peut être devenu synonyme de repère pour consommer. Transformez cette ambiance. Refusez de consommer à la maison et d’y laisser entrer tout objet qui vous rappelle la consommation : bonbonne de gaz, allume-torche, pipe. Pour plusieurs personnes, le fait de se débarrasser de ces objets est efficace. Cependant, il est normal que dans le processus d’arrêt ou de diminution de la consommation il y ait des rechutes. S’il vous arrive de consommer après vous être débarrassé de votre matériel de consommation, assurez-vous de trouver du matériel propre au préalable. Enfin, éliminez tous vos contacts en lien avec la consommation.

Prenez soin de vous

Dormez bien, mangez bien. Récompensez-vous.

Auparavant, j’avais du mal à admettre que ma consommation était devenue un problème. Maintenant, je prends les choses comme elles sont et m’efforce d’adresser le problème en y allant
par étapes.Maxime, 33 ans

Choisissez votre thérapie

Vous pouvez choisir d’aller à des meetings, à une thérapie individuelle ou encore dans une maison de thérapie fermée. Si vous consommez du crystal de façon régulière, à toutes les semaines, il est probable qu’un arrêt, en thérapie fermée, vous sera nécessaire. Vous pourrez par la suite poursuivre en thérapie individuelle ou encore aller dans des meetings pour maintenir votre arrêt. Différents types de thérapie existent. Le choix du type de thérapie (par exemple fermée ou en suivi externe) devrait être basé sur votre consommation, vos besoins spécifiques et vos objectifs. Dans tous les cas, n’hésitez pas à vous informer sur les centres, la relation intervenant/client qu’ils entretiennent, le déroulement d’une journée type, la formation et les qualifications des intervenants, etc.

Consultez la section Ressources pour savoir à qui vous adresser pour faire cette recherche.

En étant honnête dans votre démarche, vous trouverez le soutien nécessaire auprès des ressources et de votre entourage. Voici trois modes de thérapie qui pourraient vous être utiles. Il pourrait être bénéfique de combiner plusieurs de ces modes de thérapie.

La thérapie individuelle

Vous pouvez envisager de débuter une thérapie individuelle avec un psychologue ou un intervenant spécialisé en toxicomanie. Cette démarche à moyen et long terme pourra vous aider à identifier les raisons sous-jacentes à votre consommation. Elle vous permettra également d’identifier les bonnes pistes de réflexions face à votre dépendance.

Les séances chez le psychologue se déroulent généralement une fois par semaine et sont payantes. Si vous possédez une assurance au travail, vérifiez votre couverture, les frais pour consultation auprès d’un(e) psychologue sont souvent inclus.

Si vous êtes sans emploi ou vous ne pouvez pas assumer les frais encourus, vous pouvez consulter une liste de cliniques et organismes qui offrent des consultations à tarifs réduits dans la section Ressources ou FAQ (questions fréquentes).

Les intervenants en toxicomanie peuvent vous aider à faire un plan d’action spécifique pour vous aider à bien vivre sans le crystal meth et reprendre votre vie en main.

Les meetings

Les meetings peuvent vous permettre de rencontrer des personnes qui vivent les mêmes problématiques et préoccupations que vous. Les rencontres ont lieu en groupe et vous permettent de vous exprimer, d’écouter les autres, et de vous aider à réapprendre à vivre sans le crystal. Les deux organismes ci-dessous proposent des groupes de discussion gratuits :

Crystal Meth Anonyme Montréal

Narcotiques Anonymes

Les maisons de thérapie

Les maisons de thérapie fermée vous permettent de vous retirer quelques temps pour arrêter de consommer. Elles ont chacune leur propre approche et sont situées dans différentes régions du Québec.

Comment choisir sa maison de thérapie ?

Vous pouvez rechercher votre maison de thérapie selon la région, selon les coûts à payer, selon la durée de votre séjour et selon l’approche préconisée par la maison. N’hésitez pas à demander à visiter une maison avant d’y séjourner, et même à y rencontrer un intervenant. Le choix doit surtout reposer sur la confiance que vous avez envers la maison et les intervenants. Toutes les maisons n’incluent pas un séjour immersif.

Une liste des organismes certifiés est disponible sur le site du ministère de la Santé et des Services sociaux. Vous pouvez aussi consulter la liste des centres de traitements publics et privés au Québec.

Si vous faites partie de la grande communauté des Premières Nations, vous pouvez vous diriger vers le répertoire des Centres de traitement de l’utilisation problématique de substances pour les Premières Nations et les Inuits afin de recevoir de l’aide culturellement sécuritaire. Vous pouvez également visitez le site des services aux personnes autochtones de Montréal, ainsi que celui du centre d’amitié autochtone de Montréal, qui oeuvre pour les montréalais de 10 à 29 ans.

Si vous désirez de l’aide pour choisir une maison de thérapie, téléphonez à Drogue : aide et référence au 1-800-265-2626 (partout au Québec) ou 514-527-2626 (région de Montréal).